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Être et exister

Pourquoi nommer ce blog ainsi ? Car "exister" est selon moi une chose facile. Pour exister, il suffit de vivre - même pas de survivre - et d'être fait de matière. "Être", être vraiment, c'est autre chose, surtout dans le monde qui est le nôtre. À l'heure de l'information en direct et en continu à la portée de tous, à l'heure de la télé-poubelle, à l'heure de la déliquescence du vocabulaire, du savoir pur et dur, de la morale (et j'en passe) chez tant de nos semblables, à l'heure des crises économiques et des conflits armés aux quatre coins du globe, à l'heure où une troisième guerre mondiale est prédite par certains penseurs et vue comme impossible par d'autres, à l'heure où l'on nous dit donc tout et son contraire, "être" est, disais-je, tout autre chose. Être, c'est se questionner, observer le monde, l'analyser, tout ceci dans le but final d'en être acteur. Ce blog n'a pas la prétention de faire de "l'éducation populaire", je n'en détiens pas les moyens. Il n'a pas non plus pour vocation de changer le monde. Son seul but est de faire partager quelques réflexions, sur des sujets aussi variés que l'actualité générale, la société, la politique (pas forcément politicienne), le cinéma (de genre, principalement), et la musique (mais pas, ou rarement, celle dont les radios nous abreuvent comme on jette des graines à de braves moutons, faisant un "tube" de chaque nouveauté avant même sa sortie). J'ignore si ces réflexions, avec le temps, passeront de la bouteille jetée à la mer au pavé jeté dans la mare, mais c'est bien tout le mal que je leur souhaite (et que je me souhaite, par la même occasion). Bonne lecture à tous ceux qui s'aventureront dans (et entre) mes lignes.

Ces artistes d'aujourd'hui qui font revivre le rock !

Si l'on ne décolle pas un peu l'oreille des radios mainstream, véritable cloaque où l'on a le choix entre les vieux tubes et les nouveautés aseptisées, on n'a forcément pas conscience de tout ce qui nous passe sous le nez sans que l'on ne s'en aperçoive. Pire : on s'en moque éperdument. Qui, en France, en Belgique, entend régulièrement un nouveau morceau de jazz, de country, de rock'n'roll, de hard rock, de metal, ou encore d'electro en prenant le bus, en allant chez des amis divers et variés, en montant dans un ascenseur ou même en marchant dans la rue ? Pas grand monde... On ne devrait pas dire : "Il en faut pour tous les goûts", mais : "Il en faut pour le goût de la masse". Personnellement, je préciserais même qu'il en faut, dans la vie quotidienne et selon ceux qui font les programmations des grandes radios ou des chaînes de TV musicales, pour le goût auquel on a habitué la masse. Du coup, lorsqu'on montre le bout de son nez dans un repas de famille (par exemple), entre les discussions "politiques" où chacun répète ce qu'il a entendu à la télé et le bruit de fond laissé aux bons soins de la radio ou de la TV (encore elle), on entend les plus anciens (ou les fils de plus anciens) se souvenir de Deep Purple, de Led Zeppelin, de Metallica, de Scorpions, de Pink Floyd, de Genesis, d'Europe et j'en passe, parfois sans même savoir que certains de ces monstres sacrés du rock sortent encore des albums. Et, surtout, sans savoir que le ou les genres auxquels ils ont donné naissance continuent de vivre par le biais de jeunes (ou moins jeunes) loups qui continuent de jouer un genre musical que d'aucuns croient mort et enterré ou transfiguré à tout jamais.

Pourtant, il y a encore du monde pour faire vivre le rock, le vrai (entendons : pas Téléphone, ni Indochine - surtout quand on écoute leur dernier "tube"... - ni Calogero). Sans même aller jusqu'au "metal" proprement dit, même si certains des groupes dont je vais parler sont proches de cette mouvance ou en font partie intégrante, il y a aujourd'hui de nombreuses formations qui portent fièrement et dignement l'étendard du rock de bon goût et de qualité, réinvestissant l'héritage musical de leurs aînés sans le recycler aveuglément. Car oui, tous les goûts sont dans la nature, les bons comme les mauvais, mais l'excellence existe également (quand bien même personne n'est capable, à cause de son goût personnel, d'apprécier ni même de percevoir l'excellence de toute oeuvre de qualité qui existe - et je suis parfois, moi aussi, le premier concerné par cette incapacité). Ceux qui ne jurent que par le "chacun ses goûts", coup de sifflet final de toute discussion intéressante et argumentée, peuvent s'en aller vers d'autres contrées. Ici, j'oppose les solos de Téléphone, groupe vu en France comme une icône du rock, à ceux d'Europe (ceux d'hier comme d'aujourd'hui d'ailleurs). J'oppose les paroles simplettes du dernier titre de Calogero au sujet de "la musique" aux paroles plus imagées d'un "Lost in Translation" de Threshold. J'oppose également la pauvreté musicale du dernier single d'Indochine à la richesse de certaines compositions du dernier Black Country Communion ("The Last Song for My Resting Place" en tête). J'oppose, encore, les récents "opéras rock" médiatisés tels "Le Roi Soleil" - qui n'ont rien de rock - aux "opéras metal" qui ont foisonné ces dernières années, à l'image d'Avantasia, projet fou mis en place par le chanteur Tobias Sammet (leader du groupe allemand Edguy) et qui a vu défiler dans ses rangs, pour interpréter divers personnages dans les paroles, des vocalistes tels que Jon Oliva (Savatage), Tim Ripper Owens (Judas Priest, Iced Earth), Alice Cooper, Jorn Lande, Michael Kiske (Unisonic, ex-Helloween), Klaus Meine (Scorpions) ou encore Marco Hietala (Nightwish). Une écoute des morceaux "Let the Storm Descend Upon You" et "Alone I Remember" ou encore de la ballade "Lucifer" peut donner une idée de ce que cela donne. Et inutile de vous dire qu'ici, c'est la musique et le rock qui importent, pas les chorégraphies (absentes bien entendu) ou le potentiel radiophonique du projet.

C'est la sortie prochaine (ce vendredi 29 octobre 2017) du nouvel album de Heaven and Earth, intitulé "Hard to Kill", qui m'inspire ce petit article. Leur album "Dig" (2013) est, comme le laisse entendre sa pochette où l'on déterre à l'aide de grues une gigantesque guitare, un vibrant hommage à la musique rock des années 80'. Rien que le remuant "No Money, No Love" et la sublime ballade "I Don't Know What Love Is" suffisent à comprendre que le rock à l'ancienne n'est pas mort et que certains, comme l'épatant vocaliste d'Heaven and Earth Joe Retta (mais ses compères ne sont pas en reste), ont tout le talent et la volonté nécessaires pour le faire vivre. Le single "The Game Has Changed", issu de l'album à venir, n'en est qu'une preuve de plus, avec son introduction à la basse, son riff soutenu par les "na na na wohohooo" de Retta, ses claviers retro, son couplet quasi funk et son refrain emmené... Voilà qui réveillerait du monde en radio !

Vendredi dernier, c'était Black Country Communion qui sortait son quatrième album. BCC compte entre autres en ses rangs Joe Bonamassa, grand nom actuel de la scène blues et guitariste/vocaliste de talent, mais aussi Glenn Hughes, une sorte de mercenaire du rock surnommé justement "The Voice of Rock", et qui a chanté chez Deep Purple (sur le fameux "Burn" par exemple), Black Sabbath ou encore Trapeze. Rien que ça. Et à 65 balais, ce type incroyable conserve tout le potentiel de son organe vocal hors du commun, mélange de voix rock éraillée et de feeling afro qui lui offre un large spectre de genres musicaux pour s'exprimer (ceci dit, il a toujours officié dans le rock / funk / hard rock, et également le heavy metal pour Black Sabbath). Le groupe, après trois réussites ramenant à la vie Deep Purple, Led Zeppelin et Black Sabbath dans une sorte de mélange teinté de la personnalité et du feeling de chaque membre du groupe, sort un quatrième excellent disque, muni de morceaux longs et riches en influences comme "The Last Song fo My Resting Place" (chanté par Bonamassa), déjà cité dans cet article, ou encore de titres courts et marquants comme le plus rock et entêtant "Over My Head" et le funky "Awake".

La semaine d'avant (quelle période musicale que cette rentrée !), les Anglais de Threshold nous gratifiaient d'un double-album intitulé "Legends of the Shires" et puisant plutôt dans le rock progressif dont les terres ont été parcourues auparavant par Genesis, Yes et leurs semblables. Là encore, les nostalgiques d'une époque où les morceaux ne devaient pas obligatoirement durer moins de quatre minutes pourront retrouver des sensations perdues. C'est simple, cet album contient 81 minutes de musique rock / metal progressif de haute volée. Et il est également un excellent exemple de metal classieux, abordable et mélodieux, renvoyant à leur copie les illustres ignares de votre entourage qui croient que le rock est mort et/ou que le metal, c'est une bande de nazis satanistes cannibales qui crient dans un micro et tapent sur des tonneaux. Glynn Morgan chante tout en douceur mais avec énergie ses paroles, et ses comparses mêlent mélodie, technique imparable et à-propos dans la composition, proposant ainsi des morceaux ambitieux mais faciles à appréhender dès la première écoute. Sans compter qu'entre les pistes longues et variées ("The Man Who Saw Through Time" avec son intro piano/chant, ses claviers limite electro quand le riff principal est lancé, ou l'épique "Lost in Translation" avec son pré-refrain chanté au vocoder), d'autres morceaux soit plus directs ("Small Dark Lines" et son refrain qui ne quitte plus la tête) soit plus calmes ("Subliminal Freeways", "Swallowed", deux très belles ballades) apportent du souffle à l'ensemble. On remarquera également le soin apporté pour livrer une belle pochette d'album, qui invite au voyage. L'album "Dead Reckoning" est une pépite également, avec le vocaliste Andrew McDermott, hélas décédé en 2011.
Dans le même esprit, citons les gars de Karmakanic, qui produisent le même genre de musique prog', en plus rock toutefois mais avec des influences, de toute évidence à l'écoute, identiques.

Non, le rock n'est pas mort, et de nombreux artistes n'ont de cesse de le rappeler. La différence, c'est qu'ils sont moins médiatisés qu'avant et que la société préfère se tourner (ou plutôt tourner ses ressortissants) vers le grain le plus facile à picorer, mais également le moins exigeant et le moins savoureux. Cela est valable pour le rock, le metal, le jazz, la musique classique et tous les genres ou tous les artistes dont la production artistique demande à l'auditeur un peu de concentration, un peu d'investissement et de recherches personnelles. Tentez donc une approche des groupes cités ici, et de quelques autres propositions telles qu'Inglorious, Europe et leurs albums récents, "Humanity Hour I" de Scorpions (2008), The Night Flight Orchestra, Magnum, Monster Truck, Thunderstone, et tant d'autres encore à découvrir. Et surtout, que vous aimiez le rock, le jazz, l'electro, le hip hop, le classique ou tout autre style, ne vous laissez jamais dicter ce que vous écoutez par des suggestions Youtube orientées, des radios et des télévisions grand public, ou un entourage formaté par ces derniers. C'est aussi valable que de lire le résumé d'un roman pour se prétendre lecteur.

Heaven & Earth - The Game Has Changed

Black Country Communion - The Last Song for My Resting Place

Threshold - Small Dark Lines

Et en bonus, la ballade (ou le slow) "I Don't Know What Love Is" de H&E dont je fais l'éloge.

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